23 novembre 2023

Métiers - conditions de travail

Évaluations nationales :
des résultats au service de la politique du gouvernement

    Partager cet article :
Évaluations nationales : des résultats au service de la politique du (…)

Un constat qui s’appuie sur une interprétation erronée des évaluations nationales, des annonces opportunistes qui promettent un collège de tri social et non un collège émancipateur comme le SNES-FSU le revendique.

  • Des évaluations nationales

Le communiqué de presse du ministre doublé d’un entretien dans la presse montre que Gabriel Attal fait feu de tout bois pour servir un projet de réforme régressif pour le collège. Le ministre s’appuie sur les évaluations pour « s’alarmer » des résultats « inquiétants » en français et en mathématiques.

Le ministre s’appuie sur les pré- résultats de la DEPP (Direction de l’Evaluation de la Prospective et de la Performance) issues 7 000 établissements représentatifs sans prendre en compte les spécificités des Évaluations nationales et les avertissements des premiers résultats. Ainsi le rapport du ministère précise que le format liseuse, utilisé lors des évaluations est peu utilisé en classe, «  La mémoire de lecture peut être impactée ». Ces évaluations s’appuient aussi sur le test de fluence qui peut ne pas être pleinement fiable. Autre point, G. Attal s’émeut dans la presse : « Un peu plus de la moitié des élèves ne lisent pas convenablement et en mathématiques, plus de la moitié ne maitrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie ». Or la communication sur les faiblesses des élèves en géométrie et raisonnement ne repose en tout et pour tout que sur une ou deux questions dans ces évaluations.

Enfin le rapport précise bien que « 2023 étant la première année de passation de l’évaluation de début de quatrième, il n’y a pas de comparaison temporelle ». Le ministre s’affranchit de cette prudence pour affirmer que « En Quatrième, on voit que durant le collège le niveau stagne, voire régresse. »

Le SNES-FSU demande la fin de ces évaluations nationales au profit d’une évaluation entièrement à la main des professeures dans les établissements. Si le ministère tient à maintenir une évaluation nationale, qu’elle se fasse de manière précise sur échantillon.

  • Une lecture opportuniste

Les résultats de ces évaluations servent avant tout à la politique du ministre. Ils permettent déjà un satisfecit au sujet de la politique des déboulements en CP/ CE1 en REP+. Dont acte, la baisse des effectifs a permis le progrès des élèves, continuons au collège !

Le SNES-FSU rappelle ses mandats : pas plus de 24 élèves par classe (et 20 en éducation prioritaire) et une baisse de ces effectifs lorsque des élèves à besoins particuliers sont inclus.

Le discours du ministre se fait tantôt optimiste, tantôt alarmiste en fonction des projets structurels qu’il a pour mission d’imposer. Des annonces plus précises sont attendues en décembre, mais ces résultats sont un premier jalon dans un projet de transformer le collège comme une organisation du tri social.

  • Le collège unique menacé

Alors que les consultations de la mission « exigence des savoirs » ont toujours cours, la solution pour « contrer cet affaissement » est toute trouvée pour le ministre : des « groupes de niveau » tout au long de la scolarité du collège en français et en mathématiques.

Le ministère a déjà installé des groupes de niveau en 6e pour les heures de soutien / approfondissement, financés par la suppression de la technologie dans ce niveau. Quelles autres disciplines seront sacrifiées pour financées ces mesures organisant le tri social ?

De nombreuses études ont pourtant mis en avant les effets pervers des groupes de niveau tant pour les bons élèves que pour les plus faibles d’ailleurs : perte du plaisir d’apprendre et de la motivation sous la pression de performance permanente pour les uns et, pour les autres, face à des ambitions éducatives amoindries ; accroissement des différences initiales entre élèves ; retentissement sur le processus de construction de l’identité sociale de l’élève ; objectif d’intégration sociale mis à mal...

L’autre piste envisagée par G. Attal relève de la même logique : «  des parcours renforcés avec plus d’heures en mathématiques et en français pour les élèves les plus fragiles, quitte à réduire pour eux dans un premier temps le volume horaire d’autres disciplines " . Aux uns un enseignement complet et continu ; aux autres les « savoirs fondamentaux » (entendez les apprentissages instrumentaux de base) et un décrochage par rapport aux autres disciplines.

Le SNES-FSU est pour un collège réellement émancipateur, ce qui passe par des « mesures fortes » pour favoriser la mixité sociale et scolaire. Ce qui serait nettement plus ambitieux – et efficace, études à l’appui – pour tous et toutes nos élèves, réduire les effectifs par classe, financer des dédoublements, mettre plus de moyens dans l’éducation prioritaire.